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Biographie

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Biograhie

Fabrice Rebeyrolle est né à Paris en 1955.
 
Après ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et à l’École du Louvre, il installe son atelier à Auvers-sur-Oise jusqu’à la fin des années 80.

Portrait de l'artiste par Estienne Rylle - Août 2020

1979 - Première exposition, Paris
1987 - Convention-Center, New-York
1988 - Prix de peinture Zao Wou-Ki
1989 - One man show, Saga édition, Paris 
1990 - Première participation à la Fiac de Paris
           Musée Van-Gogh Zundert
1991 - Installation de son atelier dans l’Hérault

1991 - Livres d'artiste, Musée des Beaux-Arts de Béziers 
1992 - Rétrospective Musée de Soissons
           Naissance de son fils Estienne à Montpellier
           Création des Editions Mains- Soleil avec sa femme
1995 - One man show, Séoul Art-Fair
1996 - Rétrospective au Centre Frans Jacobs, Amsterdam

1997 - One man show, Fondation Colas, Paris
1999 - Installation de son atelier dans le Gard
2000 - Rétrospective au Musée Hébert, Grenoble
2002 - One man show Art-Paris
2016 - Artiste permanent de la Galerie Capazza
2017 - Installation de son atelier à Issoudun

2020 - "L'énigme de la visibilité", un film d'Estienne Rylle
2020 - Exposition « Levée de lumière » Galerie Capazza

2022 - Exposition « Fleurir encore » Centre Rollinat, Vierzon

2023 - Prix Pierre Dhainaut du livre d'artiste

On me demande de dire en quelques mots qu’est-ce que créer dans le monde d’aujourd’hui ?

Je dirai que c’est de proposer en quelque sorte un acte de résistance poétique - un tableau, une gravure, un livre d’artiste, qui émettront peut-être une faible lueur dans la nuit.

Dans mon esprit, je ne sépare pas les chemins de la pensée et les sentiers du sentir. Il faut tenter de trouver cet équilibre, ce rapport de justesse.

C’est une quête complexe et permanente entre personnel et universel que je nomme « l’insolite singulier ».

Ce que je fais, depuis plus de 40 ans en poursuivant avec la même obstination mon travail de peintre, c’est simplement m’efforcer d’affirmer une voie humaine possible, un chemin, une attitude, une dignité, une lueur en somme.

Fabrice Rebeyrolle

Depuis plus de 40 ans, le travail de Fabrice Rebeyrolle est exposé dans de nombreuses galeries, tant en France qu’à l’étranger.
Il a participé aux principales foires internationales d’art contemporain : FIAC et Art Paris, Art Elysées, Bâle, Séoul, Cologne, Düsseldorf, Francfort, Munich, Gand, Barcelone, Madrid, Valencia, Stockholm, Strasbourg, Amsterdam, Maastricht, Londres …

 

Plusieurs musées et centres d’art ont présenté son travail :

Paris, Bruxelles, New- York Strasbourg, Zundert-Pays-Bas, Cagnes-sur-Mer, Auvers-sur-Oise, Izegem-Belgique, Grenoble, Lons-le-Saulnier, Soissons, Hauenstein,-Allemagne, Béziers, Aix-en-Provence, Montpellier, Espace Paul Ricard, Fondation Colas.

Dans une quête poétique entre histoire de la peinture et approche contemporaine, il réalise le plus souvent des toiles ou des œuvres sur papier de grand format. Par sa volonté de représentation, ce que l’artiste interroge, c’est la peinture elle-même.

Son travail se révèle très physique, tout en matière, à partir de pigments et de bien d’autres ingrédients qu’il utilise en couches successives, ce qui donne au tableau lumière et densité. 
La surface picturale conserve, à travers l’accumulation des strates, cette mise en tension de la forme représentée et de son support. 

Ainsi, la peinture de Fabrice Rebeyrolle ne se réduit pas à l’affaire banale d’une illustration. Elle rend visible une parabole du désir, de vie, de mort et de création. Belle de matières- couleurs et grave comme la pensée du monde.
Éditeur et graveur, sa passion pour le langage et la poésie est sans doute à l’origine des nombreux livres d’artiste qui jalonnent des années d’expériences créatrices en amitié avec les poètes.

La peinture comme ciel et terre du corps

de Dominique Sampiero
Septembre 2023

Fabrice Rebeyrolle, un peintre gardien du feu​

par Sylvie Fabre G .
Octobre 2010

La source est de terre, d’air, d’eau et de feu, et aussi de langage.​

Dans l’œuvre de Fabrice Rebeyrolle, peintre né en 1955  qui aime lire la poésie et travailler avec les poètes, nous vivons cette origine perpétuellement renaissante, dont parle Rousseau, qui unit dehors et dedans, fin et commencement, mots et silence, homme et Dieu en une relation intime et cosmique.

          ​​Depuis les années 80, sa peinture semble mystère du regard porté sur le monde et l’humain,  quête de la lumière, celle jaillie aussi des ombres et de l’abîme,  par lesquels la matière atteint sa vraie dimension physique et spirituelle.
L’artiste utilise différents supports, toile, papier, carton  ou bois dont le choix est déjà une décision de langage et différentes techniques, peinture, mais aussi gravure, collage, estampage, marouflage, livre-objet pour poursuivre, en un mouvement continu, un processus d’intériorisation et de transformation où le corps sujet du peintre dialogue avec le corps objet de l’œuvre. Lui-même n’a- t-il pas déclaré : je peins, je suis peint, comme si la chose retrouvait en lui genèse et pulsation, comme si la matière devenue chose, le tableau, en son expérience, devenait objet de sensation?


         La première période, celle de l’abstraction pure,  révèle déjà l’essence d’une œuvre élaborée à partir de l’émotion,  dont elle est un prolongement, et où tout l’être, corps, âme, inconscient, est engagé. Les tableaux, Sans titre, jusqu’aux années 90, jouent sur la frontalité, la planéité de la toile, la rencontre de l’épaisseur des pâtes avec la fluidité des glacis, et un chromatisme dominé par les bleus, les rouges, les ocres et les gris, tonalités colorées qui resteront premières jusque dans les plus récents. Ils mettent en scène la volonté de parvenir, par-delà chaos, intensité et bouillonnement, au sens et à l’harmonie. Vrai travail de création où ce qui est indifférencié et éternel va peu à peu prendre temps et forme. Ainsi vont apparaître, dans les toiles, des résurgences : signes puis titres et enfin figures qui sont autant de nouvelles approches d’un même but : Désenfouissements (1996), Corpus (1997), Passage (1999), En partance, Mutations (1999), et toute la série des Ptômas réintroduisent la figuration et la lient à l’interrogation métaphysique qui hante le créateur.
  ​

          Qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? Autant de questions qui résonnent aussi dans les œuvres des années 2000 en matière pure, huile, cendres, suie, goudron, charbon et bien sûr pigments, tant la couleur est toujours véhicule des sens et de l’esprit dans l’œuvre de Fabrice Rebeyrolle. Sa peinture n’en épouse pas pour autant la discontinuité, comme il s’en est inquiété dans ses notes d’atelier,  mais la vérité unique du geste et l’avancée de la quête. L’élan qui l’anime travaille en surface et profondeur, révélant le proche et les confins, creusant le secret du réel, l’archaïque, les blessures, le désir et la mort. Peau d’homme, Morceaux pour l’éternité, Postura , Hors de portée, Hombre, Planètes de la mélancolie interrogent inlassablement la peinture dans son lien au corps, comme squelette et peau, incarnation nomade, présence-absence, amour et disparition. Les sujets des tableaux expriment l’entièreté de la condition humaine et annoncent les dernières œuvres, ces Vanités de 2010 qui nous rappellent la vie périssable, la perte inéluctable. Une conscience qui a déjà engendré peut-être, en 2009, le surgissement de la figure du Christ, L’homme de toutes les douleurs, ce visage parfait de l’humanité vu comme possible retournement, Défiguration, et peut-être rédemption et transfiguration.
 
        Fabrice Rebeyrolle épouse le temps en le brûlant dans l’instant de grâce. Sa peinture rend visible l’invisible qui fond et meut la réalité. Elle nous offre l’austérité, la méditation et le silence et nous pose au bord du périssable pour rejoindre l’impérissable en œuvre. Elle mêle la fragilité des règnes en faisant bouger le miroir des eaux, se dresser les silhouettes d’arbres qui nous ressemblent A la lumière d’hiver.

Rayonnante, rigoureuse, elle nous dévoile La promesse des fleurs, Coquelicots ou Ancolies (2009), mais aussi tout l’éphémère du vivant marqué par la dévastation. Les titres des dernières toiles, Soleils noirs, Fleurs obscures, Fleurs du mal, disent dans un subtil jeu de couleurs la mélancolie du monde et son inachèvement. La suite des Corneilles et Les chers corbeaux délicieux (2010) au dessin précis font entendre le cri muet du noir. Immobiles comme la barque, Dérive(2009), ses oiseaux témoignent de l’entre-deux, du ciel si bleu et de la terre très nue, qui signe la séparation. Le peintre, face à ce qui se dérobe, rêve alors d’un Pays perdu d’avance, vaste espace de songe et de lumière, patrie de l’âme, Ciels de terre où poussent d’Etranges fleurs que nul ne voit et où tombent Des neiges en blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Par ce don d’incertitude qu’il nous fait, nous recevons le miracle de la beauté.


        Dans la série des ciels qu’il vient d’achever, il se tient derrière la grande verrière de l’atelier et regarde le paysage du ciel en ces infinies métamorphoses : formes, couleurs et lumière où le silence respire à sa manière de nuages et de pensées flottantes. Une vie à haute altitude qui nous ouvre à une naissance ancienne et calme nos exils par les prodiges de la vision.

          Comme la poésie, la peinture peut nous donner l’intelligibilité terrestre et, au-delà, l’intelligibilité de ce qui n’est pas de la terre. Celle de Fabrice Rebeyrolle qui allie idée et matière, forme, signes et couleurs, retourne à la source de la pensée, du langage  et de la vie qu’elle renouvelle. Elle crée un monde matériel et spirituel où nous nous tenons avec lui, créateur et créature,  dans la joie, le tourment et le mystère d’exister.

                                                                                                           
Sylvie Fabre G ., In revue Nunc, Octobre 2010

La peinture comme ciel et terre du corps

par Dominique Sampiero
Septembre 2023

Qu’elle soit ancrée dans la figuration ou l’abstraction, cette dynamique picturale d’une œuvre généreuse et prolifique en chantier depuis près d’un demi-siècle (Il faudrait plutôt écrire : l’acte, l’engagement de peindre chez Fabrice Rebeyrolle), implique toutes entières et sous un certain angle : l’épreuve, la vérité et la question du corps.

On pourrait témoigner que c’est une œuvre alchimique et poétique. Cela ne suffirait pas.
 

De l’homme méticuleusement inquiet, en effervescence par profession de foi, en dévouement obstiné et radical au projet enraciné en lui, de ce fou de poésie depuis l’enfance, adopté puis adoptant à travers les poèmes lus et récités à voix haute de Rimbaud, Apollinaire, Rilke, Mallarmé, Char… une famille de mots et de vers, ou peut-être, tout simplement, d’un passionné précoce emporté par la joie et la ferveur de sa quête, esprit traversé par les pensées et le langage, à la vitesse d’une émotion en recherche d’unité et de sincérité, surgirait, avec constance et acharnement, et depuis qu’il a appris à parler et à se tenir debout face à lui-même, une conversation par et avec la couleur, entre le visible et l’invisible : la pierre brute de toutes les facettes du réel. 
 

Dans un entre-deux intime, tendu, toujours exigeant, à travers une œuvre dense, remarquablement curieuse, exploratrice par ses périodes, ses séries diverses, et l’ampleur de la production, s’ouvre devant nos yeux, une sorte de journal de bord d’un explorateur de lumières, les découvertes d’un chercheur de formes et de matières, s’efforçant de dialoguer, à travers une surface devenue miroir de sa quête, par l’éventail des joies, des détresses et des conquêtes : les trahisons, les éblouissements et les inquiétudes de notre humanité. 


Quelqu’un, un autre en lui, un mystère dont il se confronte à chaque geste, à chaque toile, aurait allumé dans son cœur et ses visions, un incendie, un feu intense pour sortir de la grotte platonicienne et non pas se retourner. Pour voir enfin en la pénétrant, la beauté sublime et orageuse du monde. Au moment où elle se fait, se défait, enfante ou accouche d’elle-même. 

 

Fabrice Rebeyrolle peint avec ses mains, avec son corps, debout et totalement présent, dans l’épaisseur éblouissante et toujours en mouvement du réel. 
 

Parce qu’avec lui, peindre s’invente encore entre coudre, broyer, moudre, découvrir, recouvrir, éclairer, éteindre, se tendre et s’éprendre, creuser, enterrer, déterrer, brûler, se déprendre, détendre le blanc en quelque chose de vivant, reconnaissable. De l’ici revenu de là-bas.


Quand je l’écoute parler de son travail, même abondance déferlante : le derviche tourneur fait pleuvoir du sens dans toutes les directions. 
 

Des souvenirs se mêlent à des blessures. Des choix, des décisions. L’instant vécu se creuse. On assiste à l’esquisse puis à l’échafaudage d’un être en construction permanente. 
 

On se sent projeté dans une autre dimension. On participe à l’être avec par une envie de creuser le sol de la rencontre pour trouver les sources. 


Fabrice Rebeyrolle est insupportablement contagieux. Terriblement attachant. Incendiaire de l’ici maintenant. On arrive à se demander si on pourrait mourir de cette rencontre avec l’homme, avec l’œuvre. 
 

Quelque chose nous affirme qu’il n’est plus souhaitable de fuir. Une ferveur et un apaisement tangible gagnent du terrain dans notre moi intime, qu’en convoquant, le peintre a nourri du sentiment d’un infini possible, d’une pleine conscience réconciliée avec l’instant présent. 

 

Dominique Sampiero

Extraits du texte de « L’écriture de la couleur,
poétique de la ferveur et de l’apaisement »

Septembre 2023

Atelier du Limon, Mars 2013

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